La recette pour faire de votre enfant un olympien

La recette pour faire de votre enfant un olympien

Je fais du sport depuis toujours. Lorsque j’étais enfant, mes parents trouvaient important que je fasse des activités, que je socialise avec les autres et bien sûr que je bouge un peu. Quand j’ai eu six ans, une monitrice des cours de la Croix Rouge a proposé à mes parents de m’inscrire au club de natation de notre petite ville. Mes parents m’ont consulté et c’est ainsi que j’ai choisi de faire de la natation.

Au fil des entraînements et des compétitions, j’ai développé bien plus que des habiletés athlétiques et des techniques de natation. Le sport de compétition a influencé mon développement à plusieurs niveaux, me permettant de faire face à certaines de mes faiblesses.

Lorsque j’étais petite (ici, ma mère ferait la blague qu’aujourd’hui, avec mon 1,63 m, je ne suis pas très grande non plus), j’avais l’habitude d’abandonner rapidement une activité lorsque je ne réussissais pas. Et s’il y avait d’autres enfants qui réussissaient mieux que moi, j’étais orgueilleuse et me retirais dans mon coin. Même sur le plan psychologique, lorsque je commettais une erreur, j’avais de la difficulté à la laisser derrière et à poursuivre mon activité. J’étais perfectionniste et je restais bloquée sur ce qui ne s’était pas bien passé et j’avais de la difficulté à me concentrer par la suite. Exemple, si j’avais le malheur de tomber au début d’une descente en ski, j’allais retomber deux à trois fois avant d’atteindre le bas de la pente, alors que la descente précédente s’était déroulée sans problème. En natation, c’était la même chose. Si ma première course n’était pas très bonne, le reste de ma compétition en était affectée. Si je manquais mon départ ou un virage, j’avais de la difficulté à me concentrer sur le reste de ma course. Lorsque des gens regardaient et que je ne réussissais pas aussi bien que je l’aurais voulu, je me sentais humiliée.

Le sport m’a appris la persévérance. J’ai appris à travers la natation, le ski, le tennis, la gymnastique et le badminton que l’on ne réussissait pas toujours du premier coup, que je n’étais pas et ne serais jamais la meilleure dans tout et qu’il faut travailler pour s’améliorer. J’ai compris que d’échouer ne signifiait pas que l’on devait obligatoirement abandonner. J’ai réalisé que même si des personnes étaient témoin d’un moment humiliant pour moi, ce n’était pas la fin du monde.

L’été de mes sept ans, j’ai commencé à m’entraîner au tennis. En août, alors que certains des enfants pouvaient participer à des matchs, j’avais encore de la difficulté à frapper la balle. Mais je suis retournée sur les terrains l’été suivant. J’ai même pris part à des tournois, où je perdais la plupart du temps tous mes matchs. À travers le tennis, j’ai découvert que je pouvais avoir du plaisir même si je n’étais pas «bonne». J’ai décidé de continuer malgré tout. Je me suis entraînée au tennis jusqu’à mon entrée au secondaire.

Avant l’âge de dix ans, je ne me démarquais pas particulièrement dans la piscine non plus, mais j’avais tout de même davantage de potentiel, l’apprentissage de la natation était pour moi moins pénible. C’est ainsi que pendant les mois d’hiver, je repoussais mes limites dans la piscine, où je suis devenue après quelques saisons l’une des meilleures nageuses du club. Dans la piscine, mon désir de compétition, de succès et de dépassement s’est développé. À huit ans, je m’imaginais aux olympiques. J’avais la volonté de réussir et j’étais déterminée à fournir les efforts pour y arriver. Mais à chaque mois de juin, je mettais mon orgueil de côté et j’allais frapper des balles jaunes.

Cependant, ma volonté de réussir en natation ne m’aurait mené nul part sans la persévérance et la capacité de faire face aux échecs. Même si j’avais beaucoup de talent en natation, il y a eu des échecs, des moments difficiles, de mauvaises courses. Avant de faire l’équipe olympique en 2008, j’ai manqué ma sélection deux fois par très peu en 2000 et 2004. L’échec était difficile et la situation parfois humiliante, mais j’ai été capable de passer par dessus.

Aujourd’hui, une qualité pour laquelle je suis reconnue en tant qu’athlète est ma persévérance et ma capacité de rebondir rapidement après une mauvaise performance. En mars 2012, le premier jour des sélections olympiques canadiennes, j’ai connu une des pires performances de ma carrière au 100 m papillon. J’ai raté la finale, et de beaucoup, me classant 13ème dans une épreuve que j’avais gagné quatre ans plus tôt. C’était une des rares compétitions nationales médiatisées. Ce fût humiliant. Plusieurs disaient que j’étais finie, que je n’obtiendrais pas ma sélection. Et bien le surlendemain, je gagnais le 200 m papillon et obtenais ma place sur l’équipe pour les jeux de Londres.

Le sport m’a permis de pallier à certaines de mes faiblesses, dont certaines sont maintenant devenues des forces qui me caractérisent aujourd’hui en tant qu’athlète et en tant que personne.

En regardant mon cheminement, le moment le plus déterminant dans la réalisation du rêve olympique de la petite Audrey de huit ans n’est peut-être pas lorsqu’elle a plongé dans la piscine, mais plutôt lorsqu’elle a pris sa raquette et est retournée au terrain de tennis, malgré les difficultés. Ce n’est pas d’avoir appris la natation qui a fait de moi une olympienne, c’est d’avoir appris la persévérance.

Vous voulez le point de vue d’un expert sur le développement des jeunes à travers le sport?

Marc-André Duchesneau, doctorant en psychopédagogie à l’Université de Montréal, introduit ce sujet dans son blogue Le sport, c’est quoi exactement?.   

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